Né vers 1785 à Putney au Vermont, fils de Josiah Goodhue, médecin et de Rachel Burr, Charles Frederick Henry Goodhue devient citoyen de Sherbrooke vers 1812. Frère de George Jervis Goodhue, membre du conseil législatif du Haut-Canada, il habite le village de Richmond en 1810 où il est le premier marchand de cette région. Il possède une taverne et un magasin à Shipton (CLEVELAND, 1964). La conjoncture économique des années 1810 fait en sorte que plusieurs propriétaires n'arrivent pas à rembourser leurs dettes. C'est ainsi qu'en 1811 il transfert ses opérations au hameau des Fourches en rachetant des terres de Gilbert Hyatt. En 1812 il ouvre le premier magasin-général du hameau des Fourches, flanqué d'une distillerie (KESTEMAN, 2000 : 36). Il devient rapidement l'un des personnages les plus influents de la région de Sherbrooke. Il est à la fois négociant, propriétaire terrien, registrateur du comté et industriel. Goodhue poursuit ses activités commerciales avec William Felton dans les années 1820. Il lui loue entre autres plusieurs de ses terres. Il est aussi impliqué de près dans la construction de la prison en 1824 (DEMERS, 1969 : 127-128).
En 1829 il est entendu, par un Comité spécial sur la représentation électorale, avec Samuel Brooks, Francis Armstrong Evans, Stephen Bernard et Silas Horton Dickerson (THIBEAULT, 1985 : 38-39). Il plaide alors pour l'obtention de députés dans les Cantons de l'Est et plus particulièrement dans le comté de Sherbrooke. Après s'être désisté en 1829 lors des premières élections dans le comté de Sherbrooke, il se fait élire dans ce comté aux côtés de Samuel Brooks lors des élections générales de 1830 (KESTEMAN, SOUTHAM, SAINT-PIERRE, 1998: 207-208). Il a probablement sa citoyenneté puisqu’il demeure en poste lorsque Brooks est forcé de démissionner car il n'est pas citoyen britannique. Il appuie le Parti patriote jusqu'en février 1832. Il s’oppose aux 92 Résolutions et vote contre en 1834. (SAINT-PIERRE, 1993 : 333). Pour des raisons inconnues, il décide de ne pas se représenter lors des élections de 1834.
Goodhue poursuit sa carrière d'homme d'affaire par la suite. Ce dernier obtient de nombreux contrats de construction de routes par la British American Land Company afin d'améliorer le transport routier de la région. Il s'associe avec Lespnard Calee Ball, Joseph Hazan Terrill, Charles Hawley et plusieurs autres. (DEMERS, 1969 : 122-125)
C.F.H. Goodhue préside l'assemblée des loyaux de Sherbrooke le 20 novembre 1837. C'est à cette assemblée qu'on le nomme sur le comité pour préparer des pétitions pour la continuité du District Judicature Act et du Registry Office Act. Trois semaines plus tard, le 13 décembre 1837, il préside l'assemblée des loyaux à Lennoxville. Une résolution votée lors de la réunion le nomme président d'un comité pour adresser une pétition au peuple américain au sujet des Rébellions (Fr. MARTEL, 1964 : 24). À l'automne 1837, avec l'aide de marchands et d'entrepreneurs d'origine américaine comme Samuel Brooks et Benjamin Pomroy, il finance une compagnie de volontaires appelé la Loyal American Rifles afin de protéger leurs installations contre d'éventuels combats (KESTEMAN, SOUTHAM, ST-PIERRE, 1998 : 215).
Il quitte définitivement la région par la suite pour s'établir en Illinois et rejoindre son fils George Jervis et son ami de longue date Tylar Moore (KESTEMAN, 2000 : 125) où il y termine ses jours et décède vers 1840.
Ce n'est que tout récemment que l'on s'intéresse à ce personnage. La majorité des informations nouvelles sont relatées dans L'histoire de Sherbrooke de KESTEMAN parue en 2000. Pourtant, il est clair que C.F.H. Goodhue a été l'un des personnages les plus importants des débuts de Sherbrooke par son implication dans les domaines politique et économique.