Samuel Brooks est né en 1793 à Haverhill au New Hampshire. Fils de Samuel II Brooks et Anna Bedel, il est l'aîné de 10 enfants dont son frère George Washington Brooks . Il se marie vers 1813 avec Elizabeth Towle, elle aussi d'Haverhill (BITTINGER, 1888 : 319). Son père vient établir la famille Brooks au Bas-Canada en janvier 1811 où il obtient une terre dans le township de Chester (THIBEAULT, 1985 : 24). Ce n'est cependant qu'à l'hiver 1821 que Samuel Brooks vient s'établir à Stanstead (JALC, 1828-29) où il devient le propriétaire du Stanstead Hotel (British Colonist , 1er mai 1823). Pendant cette période il devient alors aussi assistant-douanier à Stanstead (British Colonist, 12 août 1824 : 3).
En 1822, il met sur pied des pétitions dénonçant la soumission des citoyens britanniques à la Coutume de Paris. Les habitants anglophones des Cantons de l'Est craignent l'assimilation par les francophones et demandent de nouveaux comtés. Brooks plaide enfin pour l'union des deux Canadas et devient un acteur important du projet d'Union de 1822 (DOUGHTY et STORY, 1965).
Brooks fait son entrée en politique en 1824, il est secrétaire le 20 décembre lors d'une assemblée dans l'église de Stanstead. On soulève plusieurs griefs sur l'état de la région. Une semaine plus tard, le 27 décembre, on le charge d'aller porter la pétition au gouvernement du Bas-Canada et d’en expliquer le contenu (British Colonist, 30 décembre 1824 : 3).
Il quitte Stanstead pour s'établir à Lennoxville en 1825 (APJS, no 589). Dès lors, comme la plupart des marchands de l'époque, il achète des terres. Pour la période de 1826 jusqu'à 1829, on peut noter des achats de terres dans Ascot, Eaton, Stoke et Compton (THIBEAULT, 1985 : 37).
Son implication régionale et ses liens avec les propriétaires et marchands font en sorte qu'en 1829 on le nomme sur un Comité spécial sur la représentation électorale avec Charles Frederick Henry Goodhue , Francis Armstrong Evans, Stephen Bernard et Silas Horton Dickerson (THIBEAULT, 1985 : 38-39). Après la modification de la loi électorale qui donne à Sherbrooke deux députés, il se présente lors des élections partielles dans Sherbrooke à l'automne 1829. Trois autres candidats sont dans la course, William Hamilton, receveur de douanes de Sherbrooke, Benjamin Tremain, un marchand de Québec ainsi que Francis Evans, maître d'école de Kingsey (KESTEMAN, 2000 : 75, 77). Il remporte facilement l'élection avec Tremain. Moins d'un an plus tard, des élections générales sont déclenchées. Cette fois-ci c'est aux côtés de Charles Frederick Goodhue qu'il fera campagne, contre deux citoyens de Richmond-Melbourne, Daniel Thomas et W.S. Wales. Encore une fois Brooks remporte l'élection avec le marchand Goodhue (KESTEMAN, 2000 : 79). Brooks, qui est de plus en plus critiqué par ses adversaires, devra démissionner en 1831 car il n'est toujours pas citoyen britannique bien qu'il soit établi au Bas-Canada depuis plus de 10 ans (Montreal Gazette, 8 septembre 1831).
En 1833 il est en charge de la rédaction d'une pétition favorable à l'implantation de la British American Land Co. (BALC) dans les Cantons de l'Est. Il est choisi par la suite comme agent pour présenter la pétition à Londres (Montreal Gazette, 19 mars 1833). La stratégie fonctionne, le bureau-chef de la BALC sera installé à Montréal et on trouvera aussi un bureau régional à Lennoxville (Montreal Gazette, 10 décembre 1833 : 3-4). Peu après son retour, Brooks est nommé secrétaire de la BALC (THIBEAULT, 1985 : 57). Il fait déménager le siège de la compagnie de Lennoxville à Sherbrooke en 1835 et la quitte l’année suivante.
Suite à des tentatives infructueuses d'emmener une succursale de la Bank of Montreal dans la région, la City Bank of Montreal s'installe à Sherbrooke en 1836. Samuel Brooks devient alors gérant de la première banque de la région (THIBEAULT, 1985, 70).
Il participe aux assemblés des loyaux de Sherbrooke et Lennoxville les 20 novembre et 6 décembre 1837. Il fait partie d'un comité de sept membres avec C.F.H. Goodhue, Benjamin Pomroy, John Lebourveau, Hollis Smith, Job Adams et Alexander Rea pour adresser une pétition imprimée en 500 copies et distribuée au peuple américain au sujet des Rébellions (Fr. MARTEL, 1964 : 24). La pétition dénonce Papineau et ses alliés. Elle explique la situation politique actuelle et tente de rassurer les Américains sur leurs intentions face à une éventuelle rébellion. Les signataires stipulent à la fin du document qu'ils iraient jusqu'à prendre les armes advenant la nécessité de défendre le droit (APC, Série Q, No 242 : 38). À l'automne 1837, avec l'aide de marchands et d'entrepreneurs d'origine américaine comme Charles Frederick Goodhue et Benjamin Pomroy, il participe au financement d'une compagnie de volontaires appelé la Loyal American Rifles afin de protéger leurs installations contre d'éventuels combats (KESTEMAN, SOUTHAM, SAINT-PIERRE, 1998 : 215).
En 1835 est fondé la première compagnie d'assurance de la région, la Stanstead and Sherbrooke Mutual Fire Insurance Company . En 1842 Brooks en devient le président, poste qu’il occupera jusqu'à sa mort (THIBEAULT, 1985 : 80).
Brooks se retrouve en 1840 président d'un comité pour proposer la construction d'un chemin de fer pour relier Sherbrooke à Saint-Jean (KESTEMAN, 2000 : 143). Brooks sera actionnaire à 12% du projet investissant 30 000$. Lui et ses alliés Eward Hale, John Moore, Benjamin Pomroy, F. Weiss, Alex Killborn et Robert Armour Jr seront les instigateurs du projet ferroviaire qui amènera la ligne Longueuil-Portland à passer par Sherbrooke en 1852.
Il décide de se représenter aux élections de 1844 et il est élu sans opposition (THIBAULT, 1985 : 109). À la fin de 1847, il est réélu battant John Moore (Stanstead Journal , 16 décembre 1847 : 3). Brooks vote contre le projet de loi pour indemniser les victimes de pertes matérielles lors des Rébellions de 1837-38. Le 21 mars 1849, Brooks s'oppose au projet de loi sur la représentation en Chambre (JLAC 1849 : 1-172). Il décède le lendemain d'une crise d'apoplexie.
Le retour en chambre
de Samuel Brooks démontre la continuité de la jeune tradition
conservatrice de la région de Sherbrooke. Il fait partie d'une
longue liste de conservateurs qui ont sensiblement le même profil
que lui, Hollis Smith, John Moore, Charles Frederick Goodhue. Des
types impliqués dans la région comme entrepreneurs, marchands,
spéculateurs.