Le comté de Sherbrooke est formé en 1829 suite à une réforme électorale. Il est situé au sud des comtés de Drummond et Mégantic, à l'est de Shefford et au nord-est de Stanstead. Sherbrooke comprend 30 townships: Hereford, Compton, Clifton, Auckland, Emberton, Croydon, Orford, Ascot, Eaton, Newport, Ditton, Chesham, Stanhope, Clinton, Brompton, Stoke, Westbury, Bury, Hampden, Marston, Melbourne, Windsor, Dudswell, Lingwick, Adstock, Whitton, Shipton, Weedon, Stratford et Garthby (GAGNON, 1983 : 5). Le centre économique est sans contredit Sherbrooke où la rencontre des rivières Magog et St-François a permis un développement industriel important dû au fort potentiel énergétique. La population qui se compose majoritairement d'immigrants britanniques et américains obtient des terres de la British American Land Company (BALC).
Deux députés y siègent. Les tories dominent la scène politique pendant une très longue période. Les députés sont Samuel Brooks (1829-1831), Benjamin Tremain (1829-1830), Charles Frederick Goodhue (1830-1834), Bartholomew Gugy (1931-38) et John Moore (1834-1838) (SAINT-PIERRE, 1993 : p. 859).
En 1834, les députés Goodhue et Gugy votent contre les 92 Résolutions. La BALC est profitable à leurs yeux pour eux, leurs amis ainsi qu'à la région.
On compte la tenue de deux assemblées pendant la période des Rébellions, le 20 novembre 1837 à Sherbrooke et le 6 décembre 1837 à Lennoxville. Au cours de ses assemblées de loyaux, on vote des résolutions pour la rédaction d'une pétition à envoyer au peuple américain sur la situation politique du Bas-Canada concernant les Rébellions. Écrite par des Américains établis maintenant dans les Cantons de l'Est, on y dénonce surtout Papineau et ses alliés. On y stipule aussi la ferme intention des signataires de recourir aux armes advenant la nécessité (Fr. MARTEL, 1964 : 24).
Trois compagnies armées sont organisées à Sherbrooke et dirigées pas le colonel Herriot de Drummondville : les Sherbrooke Dragoons, les Loyal American Rifles et les Queen's Mounted Rangers (Montreal Gazette, 15 février 1838, 15-17 novembre 1838). Ces compagnies, principalement financées par des marchands de Sherbrooke, eurent peu d'impacts si ce n'est que d'avoir peut-être fait peur à de possibles rebelles.
On ne dénote aucun combat sur le territoire du comté. Dix-neuf personnes sont cependant arrêtées et incarcérées à la prison de Sherbrooke à l'automne 1838. De ce nombre, on dénote plus de personnes aux idées libérales que patriotes même. À noter que la peur de possibles affrontements a fait en sorte qu'une grande majorité d'immigrants venus acquérir des terres dans le comté quittent la région jusqu'en 1842.